État de siège : Réponse du berger à la bergère, les violons sont loin de s’accorder entre l’armée et les élus provinciaux


Une guerre médiatique est bien ouverte entre l’armée loyaliste et les élus provinciaux du Nord-Kivu qui n’ont résisté face à la déclaration des autorités militaires de traquer sans faille tous les députés qui se dresseront contre l’État de siège décrété depuis le 6 mai dernier dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Selon l’esprit d’une déclaration rendue public ce mardi 17 août, ces « menacés » soulignent que tant que la population continuera à être victime du groupe terroriste ADF et d’autres groupes armés qui ne cessent de faire couler le sang du paisible citoyen et tant qu’ils jouiront encore de leurs droits constitutionnels, leurs bouches ne resteront jamais fermées pour apporter leurs observations pour « l’efficacité » de l’État de siège qu’importe le prix qu’ils seront appelés à payer.
Les élus provinciaux se disent « profondément préoccupés » par la faiblesse que présentent les résultats des opérations militaires depuis l’instauration de cet état de siège. Une faiblesse qui, malheureusement, n’épargne pas la vie des concitoyens avec la poursuite à l’accoutumée des massacres dans les régions de Beni, Libéro, Rutshuru, Walikale, Masisi, Nyiragongo et l’insécurité en flèche dans les trois villes de la province du Nord-Kivu qui donne un bilan de 440 vies réduites en néant, plus de 25 véhicules en cendre, plus de 10 motos calcinées et plusieurs villages rendus désert.
Aucun des députés n’ayant jusque-là fait objet d’une quelconque poursuite judiciaire jusqu’à ce jour pour soutien « avéré » aux groupes armés, les députés invitent les concernés de cesser de ternir leur image par des propos qu’ils qualifient « diffamatoires », « intimidations déraisonnables » et « menaçant » à leur endroit.
Les représentants provinciaux demandent aux collaborateurs du Gouverneur militaire d’arrêter de tenter de leur faire porter les faibles résultats des opérations militaires car ils jouissent de la présomption d’innocence et soutiennent la délimitation de cette mesure du chef de l’État aux seules zones » gravement » affectées tout en recommandant à l’armée de rester concentrée sur les véritables ennemis de la paix dont les ADF, les FDLR et autres groupes armés sans pour autant faire des « élus du peuple » leurs cibles.
Ils appellent les députés nationaux à ne pas continuer la prorogation de l’état de siège sans une vue claire des réalités sur terrain, qui demeurent alarmantes, au risque de tourner le dos à leurs électeurs et, au président de République, à la reconsidération de son ordonnance en vue de la requalification sous un format capable de produire des résultats favorables sur le terrain et surtout de favoriser la consultation populaire avant toute prorogation.
Signalons ici que l’assemblée nationale a procédé hier à la prorogation pour la sixième fois consécutive de l’État de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Guerschom Mohammed/Reporter7.net