Nord Kivu/VBG : l’histoire muette d’Alice

Suite à la guerre et à l’ignorance, la vulnérabilité des femmes face aux VBG a connu une grande ampleur ces dernières années. Dans cet article, nous présentons une histoire courte d’une victime, mais qui pourrait vous laisser réfléchir.
Toutefois, le gouvernement Congolais et les défenseurs des droits de la femme ne baissent pas le bras, pour en finir avec cette tragédie. « Parfois les patrons me harcèlent, m’abusent sexuellement et d’autres me privent de mon salaire. Dans la plupart des maisons où j’ai travaillé, je n’étais pas traitée comme un humain, je ne dormais pas sur le lit je devrais pas mangé à table ni la même nourriture que les enfants de la famille… » C’est une histoire courte. Mais elle est pleine de chagrin… Pourtant, c’est le quotidien d’Alice, depuis maintenant 5 ans.
Première d’une famille de 10 enfants, orpheline de père, Alice n’a que 22 ans d’âge, mais elle paye le prix pour vivre. Après la mort de son père, de suite de la guerre, Alice décidait de quitter Rutshuru, son territoire natal, pour aller se réfugier à Goma, pour chercher de l’emploi en même temps. Mais les choses n’ont jamais bien tourné. Elle doit braver toutes les situations, car elle n’a aucun autre choix. L’histoire aussi triste que terrifiante d’Alice fait penser aux violences basées sur le genre, dont sont souvent victimes plusieurs femmes et surtout dans les zones en proie aux conflits armés.
Des troubles psychiatriques… « Quand j’y pense, je ne sens même pas qu’il faille la peine de vivre. Je sens solitaire, écartée de la société, parfois je me vois sans valeur dans ma société… ». Les violences basées sur le genre ont malheureusement créée une seconde nature chez Alice. Et ça l’affecte psychologiquement, au point qu’elle sait pas se tenir en tant que femme, car se sentant en tout cas délaissée. Mais hélas ! Elle est obligée de faire avec. « Je n’ai pas le choix. Je dois continuer. J’ai aux côtés de ma mère, mes petits frères et mes petites sœurs qui comptent sur moi, car mon père est déjà mort… C’est une vie d’épreuves, certes mais bon, que faire ?». S’interroge Alice, la main sur la joue, visiblement déçue et découragée.
Des douleurs… Le contexte global des zones en proie aux conflits armés est interpellant. Dans l’Est de la RDC où les groupes armés font la loi depuis des décennies, plusieurs femmes sont même victimes des violences sexuelles, de quoi se désole Maître Miriam MOLO, assistante exécutive au sein de l’union des femmes domestiques du Congo UFEDOC.
Des origines… Les violences basées sur le genre, sont le plus souvent amplifiées certes par des situations de guerre, mais aussi par le fait plusieurs employeurs n’en connaissent pas quelque, et cela accroît encore le degré de vulnérabilité de nombreuses femmes, se désole Julien Nkuba, de la division provinciale du genre au Nord-Kivu. La loi… La RDC est un pays suffisamment avancé en termes de lois qui protègent la femme. La loi numéro 06/019 / du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 06 Août 1957 portant code et procédure pénale et la loi 06/018/ du 20juilet 2006 modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code et procédure pénale en est l’une des preuves. Mais au regard de la multiplicité des cas des violences basées sur le genre à l’endroit de travailleuses domestiques, l’ufedoc et d’autres organisations qui se battent pour les droits des femmes domestiques plaident pour l’instauration d’une loi spécifique qui protège les femmes travailleuses domestiques. » Étant donné que la plupart part des femmes travailleuses domestiques viennent des milieux reculés, le plus souvent se sont les déplacés de guerre qui sont dans une situation de vulnérabilité ce qui fait à chaque fois qu’elles rencontrent les difficultés, les abus , les violences elles ont peur de les dénoncer .une loi spécifique qui protège les femmes travailleuses domestiques est nécessaire pour le domestique », motive Maître Miriam MOLO.
Le travail des défenseuses des droits des femmes a toujours néanmoins, été rendu difficile par le silence des victimes. Mais Molo pense que cela est dû à l’ignorance de la loi par nombreuses d’entre elles. C’est pourquoi elle soutient que celles-ci soient régulièrement outillées au sujet des outils juridiques nécessaires, pour faciliter la tâche aux juristes qui plaident pour leur cause. » J’appelle les femmes travailleuses domestiques à d’identifier à L’UFEDOC pour une formation sur leurs droits et un encadrement pour savoir comment réclamer leur droit ,parler en cas d’abus et dénoncer les abus » indique-t-elle. Une situation qui inquiète… Autant qu’elles prennent de l’ampleur, les violences basées sur le genre intéressent également beaucoup de monde, y compris les instances étatiques. Selon la division du genre, de plus en plus des cas des VBG sont rapportés dans les situations de crise et de vulnérabilité, ce qui expose plus les femmes, et entrave leur élan professionnel.
Un tableau opaque… Le contenu du rapport du fonds des nations unies pour l’enfance, UNICEF fait peur : plus de 1,16 million de personnes ont été déplacées par les affrontements entre les parties au conflit dans le Nord-Kivu, depuis début 2022. Malheureusement, ces déplacements s’accompagnent toujours des violences basées sur le genre (VBG) contre les filles et les femmes au Nord-Kivu, car ces VBG ont augmenté de 37 % au cours des trois premiers mois de 2023 par rapport à la même période il y a un an, selon le groupe de coordination des VBG de la province. En outre, plus de 38 000 cas de VBG ont été signalés pour l’ensemble de l’année 2022 dans le seul Nord-Kivu, et dans la plupart des cas, les survivantes ont déclaré avoir été attaquées par des hommes armés et des hommes déplacés dans les camps et aux alentours. La main forte du gouvernement… « Par rapport aux cas de violences basées sur le genre, le gouvernement travaille avec les initiatives commmunitaires, les structures et les organisations qui prennent en charge gratuitement les cas des VBG, en développant des activités de mobilisation dans la communauté parmi lesquelles, la promotion de la « masculinité positive » », explique Julien Nkuba.
Sarah MULEKYA