NORD-KIVU : LUTTE CONTRE L’IMPUNITE, LE GOUVERNEMENT CONGOLAIS APPELE A AGIR POUR QUE LA JUSTICE SOIT FAITE AUX VICTIMES DE L’AFFAIRE MUDAHUNGA


Les populations civiles de Kitshanga en territoire de Masisi, dans la province
du Nord-Kivu à l’Est de la RDC avaient été la cible d’attaques de la part des
forces armées de la RD CONGO et l’Alliance Patriotique pour un Congo Libre
et Souverain (APCLS), un groupe armé actif dans cette zone. Au cours de
ces attaques qui se sont produites entre le 27 février et le 4 mars 2013,
plusieurs civils ont été tués, violés et d’autres gravement blessés.
Neuf ans après, le conseil des avocats qui accompagne les victimes de ces
atrocités déplore l’inaction du gouvernement congolais face aux présumés
coupables. Il demande aux autorités compétentes que la justice soit faite
afin de matérialiser le slogan de l’État de droit.
« Depuis 2013, l’auditorat militaire supérieur près l’ex Cour Militaire
Opérationnelle du Nord Kivu a eu à faire des descentes sur terrain à
Kitshanga. Des enquêtes ont été menées et toutes les victimes interrogées
mais jusqu’à présent rien n’avance. Mais du côté de l’auditorat supérieur,
tous les procès-verbaux sont déjà réunis. Ce qui bloque pour le moment,
c’est que parmi les prévenus, celui qui était le plus cité est le colonel
Mudahunga ; c’est bien lui qui contrôlait ce secteur-là mais après ces
événements de triste mémoire, il a été muté à l’équateur. Nous attendons
du Haut commandement militaire, de collaborer avec la justice et aux
autorités judiciaires d’activer tous les dossiers qui sont en suspens
notamment celui de Kitshanga », a dit Me Hervé SHABANI, avocat au
barreau du Nord-Kivu et membre du pool justice pénale internationale.
Rappel des faits
Rappelons que ces attaques avaient occasionné plusieurs dégâts humains
et matériels. Des sources concordantes affirment qu’au moins 237 civils
dont 27 civils identifiés par l’ONU avaient été tués, deux femmes violées et
tuées et 89 blessés. Environ 520 maisons avaient été pillées et incendiées
entre Masisi centre et Kitshanga.
L’attaque aurait une dimension ethnique, car les membres des FARDC
auraient attaqué des civils d’origine Hunde en raison de leur soutien
présumé au groupe armé Alliance patriotique pour un Congo Libre et
Souverain (APCLS).
Les deux parties prenant part au conflit ont commis des attaques contre les
civils. La majorité de ces attaques ont été commises par les FARDC de
812ème régiment basé à Kitchanga, dirigé à l’époque par le colonel
Mudahunga. Un certain nombre d’attaques avait également été commis par
les éléments de l’APCLS sous le commandement de Musa Jumapili. Les
colonels MUDAHUNGA et GHIGHI auraient distribué des armes aux
rwandophones de Kitchanga et dans le camp de Kahe en les incitants à
attaquer la population civile Hunde. Au stade actuel, toutes les victimes
seraient déjà identifiées et entendues.
Dans le cadre d’appui aux efforts de la lutte contre l’impunité au
gouvernement congolais, certains acteurs internationaux du cadre de
concertation justice internationale au Nord Kivu espèrent que les autorités
pourront se rattraper et s’impliquer dans la facilitation de la collaboration
entre le commandement et la justice militaire.
Article rédigé avec l’appui et le soutien financier de RCN Justice &
Démocratie.
Par BAISONGA MAHAMBA David