UNE COLLABORATION RÉUSSIE ENTRE JOURNALISTES ET AVOCATS DANS LA COUVERTURE DES PROCÈS DES CRIMES INTERNATIONAUX DANS L’EST DE LA RDC


30 journalistes formés par RCN J&D sur la justice pénale en matière de crimes internationaux ont couvert pendant trois ans des procès pour crimes internationaux dans les provinces du Nord et Sud Kivu ainsi que de l’Ituri. Impliquer les journalistes dans ce travail judiciaire a démontré qu’ils (les journalistes) sont aussi des acteurs indispensables dans la lutte contre l’impunité en RDC. Ce travail de la presse a été facilité par RCN Justice et Démocratie à travers son
appui aux productions journalistiques, dans le cadre du projet « Soutenir les efforts de la lutte contre l’impunité en République
Démocratique du Congo», mis en œuvre avec le financement de l’Union Européenne.
Parmi les journalistes associés à ce projet « Soutenir les efforts de la lutte contre l’impunité en RD Congo », 5 sont de Bukavu, 10 de Goma et 15 de Kinshasa.
Pour Valéry MUKOSASENGE, journaliste promoteur du média en ligne La République.net basé à Goma :
« J’ai toujours été intéressé par les questions de justice mais j’étais
découragé de les aborder car accéder aux sources d’information était
difficile. Grâce à la formation reçue sur » la justice pénale en matière de
crimes internationaux et la couverture médiatique d’un procès pénal pour
crimes internationaux « , j’ai compris les différentes étapes du procès et les
limites sur la communication dans un procès, explique-t’il.
Et d’un air satisfait, il poursuit : « J’ai des contacts dans le monde judiciaire,
je sais sur quelle porte toquer lorsque j’ai besoin d’une information sur un procès ».
Mr Arcadius MUTUNZI de la Radio Alpha Omega, parle-lui d’une école. « J’ai
travaillé sur les procès Miriki, Maheshe et Djugu. La rédaction des articles
sur ces procès était pour moi une grande formation. Et la stratégie des rencontres avec les acteurs judiciaires à travers « le cadre de concertation entre journalistes et milieu judiciaire », au-delà de l’atelier de formation sur la couverture de ces grands procès, m’a beaucoup aidé. Je sais désormais
comment appréhender un procès déjà en phase pré-juridictionnelle. Je connais les questions à poser à chaque phase du procès et je peux produire des articles clairs qui permettent à la communauté de comprendre tous les efforts fournis dans le cadre de la lutte contre l’impunité dans notre pays.
Un début de compréhension entre les deux parties
Au début de ce projet, les journalistes avaient des préjugés sur les avocats.
Et l’un de leurs préjugés était que les avocats ne voulaient pas leur fournir les informations nécessaires relatives aux procès organisés.
De leur part, les avocats accusaient les journalistes de déranger leur travail, ne sachant pas les phases secrètes d’une affaire.
Un journaliste pouvait vous appeler à tout moment pour avoir une information sur un procès et vouloir que vous puissiez lui répondre sur le champ, même si pas forcément possible, a dit Maitre Luc MUHANZI, avocat au Barreau du Sud Kivu et Avocat du pool Justice Pénale Internationale au sein de Trial International. Mais aujourd’hui, grâce aux différentes
rencontres d’échanges organisées par RCN J&D sur le travail des uns et des autres, et les pistes de collaboration, les relations sont bonnes.
A ce sujet, Un journaliste m’a récemment appelé, je lui ai demandé de me laisser
terminer ma mission sur terrain pour avoir la bonne information à lui donner et il a compris, ajoute – t- il.
J’ai aussi compris le travail des journalistes, confie pour sa part Maître Rigobert EKA du Barreau de Goma au Nord Kivu. Le cadre de concertation entre journalistes et milieu judiciaire » a été très enrichissant pour nous les avocats également.
Les journalistes formés reconnaissent de leur part qu’ils ont acquis un niveau de connaissance qui leur permet d’avoir de la hauteur par rapport à certains de leurs collègues qui ne sont pas dans ce projet. J’ai lu un article de presse dans lequel le journaliste prenait l’avis du ministère public pour le jugement, témoigne FURAHA CITERA, journaliste basé à Bukavu, et cela
m’a fort émerveillé.
De bons résultats à consolider
Selon Mr Emmanuel CHIBIKE, Responsable projets au sein de RCN Justice & Démocratie à Goma, le travail fait par les journalistes, dans le cadre de ce projet, ne met pas en relief uniquement le travail des juridictions
militaires, plutôt le travail de tous les acteurs de lutte contre l’impunité, notamment celui des avocats qui accompagnent judiciairement les victimes des crimes internationaux à l’instar des organisations locales de la société
civile.
La presse a travaillé sur la visibilité d’un travail d’ensemble. Une dizaine de
procès ont été couverts au Nord et Sud – Kivu ainsi qu’en Ituri. Mr Emmanuel CHIBIKE précise que l’activité de productions journalistiques a atteint le résultat escompté et le maximum d’articles attendus a été produit ; Ces articles ont permis à la population d’avoir une information de
qualité sur le travail de la justice dans la répression des crimes
internationaux.
Pour rappel, la mise en place d’un cadre de concertation entre journalistes
et milieu judiciaire au Nord et Sud-Kivu, est une initiative de RCN J&D, dans
le cadre du projet sus-évoqué et mis en œuvre par le consortium ASF-RCN
J&D et Trial International.
En effet, Conscient que la justice a intérêt à communiquer sur son travail
afin d’éviter d’être mal jugée par l’opinion publique ;
Que la presse a le droit et le devoir de s’intéresser au secteur judiciaire qui
est vital pour la bonne marche de l’Etat en livrant des informations exactes,
vérifiées et dans le respect des lois de la République ;
La recherche d’un équilibre entre les deux avait justifié la mise en place
d’un cadre de concertation entre journalistes et acteurs judiciaires. Il s’agit
donc d’un cadre informel qui permet une collaboration d’ensemble entre
acteurs du milieu judiciaire et journalistes afin de délivrer une information de qualité à la population ».
Bref, ce cadre s’est voulu poser, en termes d’objectifs, les bases d’une saine
collaboration entre journalistes et acteurs judiciaires et ainsi veiller à la qualité et la fiabilité des informations judiciaires à diffuser, à travers les articles de fond ».
Forts de leur expérience de trois ans, acquise dans ce projet, les journalistes ont convenu, en marge des travaux en carrefour, lors d’un « atelier d’échanges sur le bilan et perspectives de productions journalistiques dans la lutte contre l’impunité en RDC », tenu à Goma en date du 18 février 2022, de mettre en place un pool des journalistes
spécialistes dans la couverture des procès de crimes internationaux au Nord
et Sud-Kivu. Ils ont promis de continuer leur franche collaboration avec le milieu judiciaire et proposer dans leurs rédactions des sujets judiciaires afin que la communauté soit toujours correctement informée.
Article rédigé avec le soutien et l’appui financier de RCN Justice & Démocratie.
Par Rosalie ZAWADI.