Santé/environnement : comment les déchets tuent-ils l’homme et la nature ?

12,6 millions de personnes sont mortes suite à un environnement insalubre. Les océans renferment aujourd’hui 5000 milliards de tonnes déchets plastiques. Dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, les populations sont privés de 26, 3 méga watt d’électricité, rien qu’en cause de la pollution… À ce niveau, la question de la pollution et l’insalubrité se présente comme un danger énorme auquel sont exposés l’homme et son environnement. Comment y faire face pour sauver l’homme et la nature ?
« L’épandage et l’abandon incontrôlés des déchets en plein air engendrent des conséquences graves, entre autre maladies, pollution de l’eau et de l’air… » Cela a malheureusement un impact sur l’espérance de vie de tout individu.
Cette alerte est du chef de bureau de l’hygiène et salubrité publique à la Division Provinciale de la santé au Nord Kivu, en RDC, le Docteur MAPENDANO BALLY.
En effet, en ville de Goma, la gestion des déchets est encore l’un des problèmes de santé publique majeurs, malgré les efforts fournis au quotidien par les services de l’assainissement sous la coordination de la Mairie.
Et cela suscite des mécontentements dans le chef des habitants. Pour Dany Rugambwa par exemple, « la mauvaise gestion des déchets que l’on voit recouvrir certaines artères et les rues publiques, rendent la ville sale et occasionnent plusieurs maladies… »
Il déplore en outre le comportement de certains citoyens qui abandonnent en âme et conscience des déchets sur les voies publiques sans en mesurer les danger.
C’est aussi le point de vue de Madame Anastasie, qui elle, attribue la présence des déchets sur les voies publiques à leur mauvaise gestion par des femmes ménagères. « c’est souvent les déchets ménagers mal gérés qui sont déversés sur certaines artères principales et secondaires voir même sur les chaussées… C’est un comportement à éviter car il est dangereux. » Commente-t-elle.
EPHRAIM BUSHU, commerçant de profession, déplore lui aussi le comportement des certains clients qui après avoir acheté des bonbons, des biscuits,… jettent des sachets dans la rue.
Les déchets mal gérés, un vrai problème environnemental…
Lundi 5 juin 2023 lors d’une conférence de presse à Goma, le Journaliste environnementaliste John TSONGO allertait que les océans renfermaient jusqu’aujourd’hui, plus de 5000 milliards de tonnes des déchets plastiques et des particules diverses. Il ajoutait également parlant du Nord et du Sud-Kivu, que les populations de deux provinces étaient privées de 26,3 méga watt d’électricité, toujours à cause des déchets mal gérés, qui se sont déjà accumulés dans les centrales hydroélectriques Ruzi 1 et 2.
« Le déchet que tu jettes à zéro mètre de chez toi aujourd’hui par simple plaisir, te revient toujours deux ou trois semaines après, cette fois-ci sous forme des conséquences… », Allèguait-il.
« Tenez! Les deux barrages hydroélectriques de la Ruzi 1 et 2 sont envahis par d’innombrables déchets plastiques allant jusqu’à occuper 14 mètres de profondeur… Cela prive à la population plus ou moins 26,3 méga watt d’électricité. Et à ce niveau, qui est responsable de ce manque d’énergie ? N’est-ce pas nous population ? Et après nous accusons l’Etat, alors que nous sommes nous-mêmes partie au problème… » expliquait-il.
Les déchets mal gérés, une bombe sanitaire…
L’organisation mondiale de la santé OMS, estime à 12,6 millions, le nombre de personnes décédées en 2012 du fait d’avoir vécu ou travaillé dans un environnement insalubre. Ces chiffres représentaient en ces temps, près d’un quart de décès dans le monde.
Cette organisation se désole tout de même que les mauvaises conditions d’assainissement sont responsables d’environ 432 000 de ces décès au quotidien et constituent un facteur déterminant de plusieurs maladies tropicales négligées, notamment les helminthiases intestinales, la schistosomiase et le trachome.
« L’existence des déchets engendre plusieurs conséquences sur la santé et l’environnement et fait de l’homme toujous victime. L’abandon et l’épandage incontrôlés des déchets dans la nature posent des graves problèmes tels que la pollution de l’air qui diminue l’espérance de vie des hommes, cause des troubles cardiaques, respiratoires ou reproductifs, entraîne la pollution de l’eau et du sol, et porte atteinte à la faune et la flore, cette même pollution est aussi responsable de la présence des germes pathogènes. Ce n’est pas civilisé de jeter les déchets par ici et par là » insiste MAPENDANO BALLY.
Comment gérer les déchets ?
Monsieur Grégoire MUTACHI WAMUTACHI, coordinateur urbain de la cellule d’assainissement, rassure toute la population de la ville de Goma que l’assainissement est le domaine exclusif de la mairie.
Il précise que la mairie a déjà adopté une politique d’assainissement et de gestion des déchets dans la ville car son rôle est de gérer les déchets abandonnés .
« Notre politique est de ramasser chaque jour tous les déchets ménagers plastiques et de travailler en partenariat avec les associations d’assainissement comme KUNAFAZI et autres associations. Une autre politique est l’implantation des poubelles publiques dans des endroits ciblés et plus fréquentés par les habitants comme les Rond-points des Banques, Tchukudu, et bientôt Cigners, entrée présidentielle, ULPGL, Mutinga et autres » a-t -il déclaré.
Il a profité de l’occasion de sensibiliser la population au respect de l’environnement pour le bien être de tous.
Contrer la pollution, c’est encore possible…
John TSONGO est à ce sujet, d’avis que la lutte contre les déchets et la pollution doit être une question qui intéresse toutes les couches de la population. « La lutte contre la pollution doit être multidimensionnelle, multi-sectorielle et inclusive à tous les niveaux. Nous devons travailler de sorte que l’entrepreneuriat, l’art et la culture soient mis en contribution pour faire face au fléau de la pollution. Les entrepreneurs doivent ainsi migrer vers un entrepreneuriat écologique : le recyclage des déchets, leur transformation en pavés ou en objet d’oeuvre d’art… », Sensibilise-t-il.
Au niveau de Goma, pour booster les efforts des citoyens dans ce secteur, le Maire de ville, le commissaire divisionnaire adjoint Kabeya MAKOSA François, avait signé en date du 29 décembre 2021, un communiqué interdisant l’usage et la commercialisation des emballages plastiques sur toute sa juridiction. Mais aujourd’hui, la mesure souffre toujours d’application.
Du 2 au 5 Juin à Paris en France, des États du monde entier se sont réunis pour réfléchir autour de comment endiguer la pollution plastique. Un traité dans ce sens a même été parrafé, reste alors à observer quels en seront les effets.
SARAH MULEKYA